L’omniprésence du corps féminin
La presse féminine se caractérise par un usage abondant de la photographie, en particulier de corps féminin. Voici un petit état des lieux.
Sur le début de l’année 2009 (janvier-octobre), 64,50 % des pages publicitaires de Marie-Claire comportent au moins une photographie de corps féminin ainsi que 69,50 % des pages hors-publicité, soit une moyenne de 68% des pages du magazine.
Pour comparaison, voici les chiffres de quelques autres magazines concernant le début de l’année 2009 :
| Prima | 44% |
| Cosmopolitan | 57% |
| Biba | 58% |
| Glamour | 71% |
Bien que l’étude soit assez resserrée, à la fois dans la période décrite et dans le choix de magazine, il se dégage une tendance assez marquée.
Que le public destinataire soit jeune et branché, comme pour Glamour, ou plus âgé pour Prima, on s’aperçoit que cette présence de la photographie compte au moins pour 44% des pages de la revue.
Les photographies de corps féminin se multiplient au sein d’un même magazine mais aussi dans l’éventail de la presse féminine en générale.
En sachant qu’on recense 139 titres de presse féminine en France, et qu’il se vend environ 200 millions de numéros (chiffre pour 2007 de la direction du développement des médias) on peut mieux se rendre compte de la place que prennent ces images dans le panorama visuel.
C’est cette omniprésence qui m’intéresse, à la fois parce qu’elle justifie pleinement de s’intéresser à ce type d‘images, mais aussi parce que le symptôme de la répétition n’est pas anodin, puisqu’il permet d’instaurer un certain type d’image comme norme visuelle.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Alexie Geers (13 novembre 2009). L’omniprésence du corps féminin. L'appareil des apparences. Consulté le 15 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ba36
Qu’est-ce que tu entends ici par “corps féminins” ?
Parce qu’il me semble évident que les corps (masculins ou féminins) apparaissent dans les magazines. Ce que je veux dire, c’est : voir des corps humains dans des magazines pour des êtres humains, quoi de plus normal ? Ceci dit, effectivement, dans la presse féminine, il y a probablement plus de corps féminins que dans So Foot… encore que…!
Pour finir, je te rejoins sur ce point : il est intéressant d’étudier ces multiples représentations, à la fois dans leur singularité et dans leur “masse”…
Je parle de photographie (ou d’image) de corps féminins, ce qui n’est pas tout à fait pareil.
D’autre part je ne crois pas que leur présence soit si évidente…
En quoi est-il “normal” de représenter des corps humains ? je veux dire “normal” par rapport à quoi ?
les magazines animaliers, les magazines scientifiques sont aussi destinés à des humains et pourtant il n’y a pas cette omniprésence de l’image du corps.
Je ne crois pas que lier “presse féminine” à “présence de corps feminins” soit si évident (c’est évident parce qu’on s’en rend compte visuellement, ça n’explique pas pourquoi!), d’ailleurs on ne peut pas faire le même lien au masculin (“presse masculine” = “corps féminin” !)…
Ah, on ne se comprend pas !
1- “corps féminins” = photographies de femmes ? ou photographies d’une partie d’un corps féminin plus spécifiquement ?
2- C’est “normal” parce que, quelque part, c’est la matière première… non ? Dans un magazine animalier, tu auras des photos d’animaux, dans un magazine de cuisine, des aliments, dans un magazine d’informatique, du matériel high tech… Du coup, la présence de corps humains dans des magazines relativement généralistes (comme la presse féminine) me semble assez logique : dans un magazine, on montre ce qui en rapport avec sa ligne éditoriale (ici, la mode, le bien être, les stars, etc. donc forcément des êtres humains…).
J’espère avoir été plus clair…
Ok, en ce qui concerne la notion de “photographie de corps féminins” que j’utilise, je la définis en effet comme photographie de corps entier de femmes ou/et partie de corps de femmes.
Sur le 2e point, je crois que le fait que cette presse soit “féminine” et donc s’adresse à un public de sexe féminin, ne justifie pas la ligne éditoriale, à savoir la mode, le bien-être, les stars! c’est un fait, on peut historiquement s’en rendre compte, pourtant il me semble que le fait de s’adresser aux corps des femmes en montrant des corps de femmes n’est pas une évidence mais bien un choix correspondant à une idée première….
Ce n’est ni anodin ni évident d’associer presse féminine et corps féminin! on pourrait s’adresser à la “féminité” de la lectrice en lui parlant de société, de politique, pourquoi est-il normal de lui parler de son corps?! la “féminité” ne réside-t-elle que dans le corps ? que dans l’apparence? Il me semble que cette association est une construction, non pas une évidence 😉
Non, ce qui est évident, c’est de mettre en scène son public ! c’est-à-dire de mettre en scène des femmes, à travers des photos, pour que la lectrice s’y identifie plus facilement… que ce soit dans la publicité ou dans les articles.
Bonjour. Je crois qu’il y a une petite erreur dans ce commentaire : “(…) d’ailleurs on ne peut pas faire le même lien au masculin ( »presse masculine » = « corps féminin » !)…”
Personnellement, je remplacerai bien le dernier mot par “masculin” 😉
La remarque est néanmoins pertinente. On peut presque en déduire que potentiellement, l’image du corps féminin est le type d’image qui a le plus de chances de séduire à la fois les hommes et les femmes. Si l’on met de côté le cas particulier de l’homosexualité, et en schématisant : les hommes regardent les femmes, qui se regardent elles-mêmes, pour être mieux vues des hommes. On prolonge un peu le vieux syndrome “beau sexe” en art, mais avec ici plutôt une approche marketing en tête.
Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que les femmes ne font que se regarder elles-mêmes. Mais force est donné de reconnaître que s’il existe des équivalents pour femme de Playboy ou Lui, ils sont bien moins connus.