Une égérie, six visages.
 Publicité Dior Iconic (Monica Bellucci) |
 Publicité Dior Diorskin (Monica Bellucci) |
 Publicité Dior couture (Monica Bellucci) |
 Publicité Dior Poison (Monica Bellucci) |
 Publicité Dior couture (Monica Bellucci) |
 Publicité Dior Rouge Addict (Monica Bellucci) |
Une égérie, six visages. Conséquences de photographes, de retoucheurs mais aussi d’équipes marketing et de directeurs artistiques différents.
Regarder ces images côte à côté provoque un effet saisissant, chacun de ces visages ne ressemble pas tout à fait au précédent.
Et pourtant nous connaissons le modèle, nous en avons une image mentale.
Tomber par hasard sur une de ces publicités, au détour d’un feuilletage de magazine, est déjà une expérience étrange, car l’identification n’est pas aisée, mais regarder toutes ces images en même temps renforce l’effet.
La rupture est plus forte que sur une autre image du même type, ayant subi une fabrication de même ordre car le visage est connu, la comparaison est possible.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Alexie Geers (19 mars 2010). Une égérie, six visages. L'appareil des apparences. Consulté le 4 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ba3f
A la vue de ces visages, et notamment du dernier, je ne peux m’empêcher de penser à la fameuse photographie de Man Ray :
http://picasaweb.google.fr/lh/photo/j9YHV-9etjSgutJdMoBFug?authkey=Gv1sRgCPO0g5uvp9X0Wg&feat=directlink
Soit une vision de masques, montés au grès des envies des publicitaires et de leurs commanditaires, ou quand l’actrice photographiée n’est plus qu’un support de projection, un écran. Ne sont “réels” finalement que les parfums, les sacs et les produits cosmétiques.
Je me souviens d’un matin, je vois une pub sur un arrêt de bus pour un sac ou un bijou (?!), et j’ai jamais su si c’était Sophie Marceau ou Monica Bellucci. En y repensant c’était peut-être Isabelle Adjani?
En ce moment, il y a aussi Elsa Zylberstein pour des montres, à mourir de rire (comme en plus elle a des tas de cheveux devant le visage, ça renforce l’effet nez/joues/bouche ripolinés).
Au final, ici ce qui sert de caution n’est plus l’image de la star puisqu’on a du mal à la reconnaître mais son nom…
Est-ce qu’il figure (comme une caution) sur les pubs que tu as sélectionnées?
@Gregory D: je trouve que la notion “d’écran” est très intéressante, je vais essayer d’approfondir cette question !
@ Audrey: tu as tout à fait raison, bien souvent c’est la “légende” qui permet l’identification, il y a bien le nom de l’actrice sur les versions papier de ces publicités !
😉
“Conséquences de photographes, de retoucheurs mais aussi d’équipes marketing et de directeurs artistiques différents.”
John Galliano n’est-il pas supposé superviser un peu tout cela, depuis un moment déjà ? cf. http://www.diorhorlogerie.com/john-galliano
On peut se demander si faire appel à des célébrités ici n’est pas contradictoire avec ce que Dior, entre autres, leur fait subir par la retouche. Mais à bien y regarder, non : les traits identitaires sont malmenés, mais ils tendent à être conservés (quoique sur la dernière pub, c’est vrai, je pense plutôt à Sophie Marceau… bon, il faudrait que je revoie ces pubs en grand).
Après, il y a de quoi avoir l’impression que ce que peut apporter une personne à la marque en termes d’image ne suffit pas, et ça peut être perçu à bon droit comme insultant par la célébrité, entre autres. Car ce qui compte, évidemment, c’est moins la préservation d’une image homogène d’une femme — ici Monica Bellucci — que celle de la marque, qui paye cher pour cela. Sur ce sujet, Cf. http://issuu.com/nouvelleplace/docs/www.nouvelleplace.com , (dernier § en bas de page 17).
Je pense qu’il faut aussi considérer l’âge du capitaine… et les aspirations de la cible visée : choisir Monica Bellucci, pour Dior, c’est certes choisir une célébrité, mais aussi une femme qui est à un âge qu’on qualifiera de délicat (pour une femme). Il serait intéressant de voir si des égéries plus jeunes sont à ce point exposées aujourd’hui aux “outrages de la retouche”.
@Alexie et Audrey : justement, n’est pas un peu absurde (je dirais même contreproductif) lorsqu’il faut écrire le nom de la star invitée en gros… Faut-il y voir un semi aveu que la retouche risque de rendre l’actrice non reconnaissable ?
Bonjour,
Il semble qu’il y ait effectivement un semi-aveu sur ce point, surtout dans certaines très retouchées.
Après, il s’agit aussi vraisemblablement pour le concepteur de la publicité de rentabiliser l’association du nom de l’ambassadrice et de la marque, en s’assurant de “recruter” un maximum de gens sur cette association, y compris ceux qui ont entendu des noms célèbres (actrices, chanteuses, etc.) sans toujours leur associer un visage.
Articles intéressants, merci.
Je me demande aussi si cette ambiguïté sur l’identité du modèle n’est pas recherchée afin de retenir le regard du spectateur plus longtemps. Il est arrivé a nous tous, je crois, de s’arrêter plus longtemps sur une image pour vérifier qu’il s’agit bien de la célébrité à laquelle la photographie nous fait penser. Dans un environnement riche en images, cela pourrait être une bonne technique pour obtenir et retenir notre attention…
c’est une bonne remarque Valentina, c’est vrai que du coup, on s’attarde sur l’image, on se demande si on reconnait bien 😉